L’inconfort – Psychanalyse de comptoir #2

On ne me comprendra surement pas mais c’est pas grave. On me dira maso et on aura surement raison : j’ai de la gratitude pour les moments d’inconfort.
Oui, pour les moments difficiles où l’on se sent bloqué, noyé, glacé, brûlé vif, dans la merde, dans le mal, à rêver au plaisir d’hier et des joies passées.
J’ai de la gratitude pour ces moments car ils nous aident à grandir et à nous surpasser, à dépasser la plainte et la rumination, en un mot à nous adapter.
Hier, je vénérais la lumière. Le soleil, la douceur. Elle était ma quête.
Aujourd’hui je bénis l’ombre, la folie, l’hécatombe.
L’ombre qui me pousse dans mes retranchements, l’ombre qui réveille en moi la lutte pour ne pas sombrer. L’ombre qui me force à tomber mes œillères, à voir autrement, à changer de perspective, à puiser dans mes racines, à vérifier mes fondations, à prendre le risque de me décentrer, à questionner mes conditionnements.
L’ombre m’aide à sortir de mon instant T, à taire mon ego, mon privilégié. A penser plus global, corps en santé et solidarité.
L’ombre m’aide à regarder l’avenir et à me dire « tout est inconstant, ça va passer ».
Nous œuvrons pour un meilleur nous, nous ne sommes qu’un petit bout de toute une entité.
Nous arrivons du néant et nous y retournerons, quelques soient dans cette vie nos mouvements. Autant les faire les plus consciemment possible, incarnons la forme, habitons nos corps, usons du mental pour traverser ses vagues et j’en suis convaincue, le sens de tout ça se trouve là, mûrissons, encore.

Aurélie

Du dedans au dehors – Psychanalyse de comptoir #1

Il a fallu mettre « pause ».
Et je mets du temps à comprendre d’où vient mon problème.
Alors pour que tout ne reste pas dans ma tête et qu’on se soutienne mutuellement à traverser nos vies, je te propose un aperçu de ce que je débroussaille de ma tête en ce moment. Donc indulgence car je t’invite avec moi sur le divan.

Pourquoi ?
Pourquoi cette vie ? Pourquoi comme ça ? Pourquoi tout ça ?
Cette question : « quel est ton pourquoi ? »
Et c’est le début du bordel.

D’où mon grand questionnement a pris naissance, ça je le visualise à peu prés, mais comment y remédier, c’est la grande question. Ce temps de pause actuel qui est sensé être celui pour (ce que l’on me conseille) « prendre soin de moi », « penser à moi », me déstabilise car il me confronte à une forme de vide. Au vide de ne penser qu’à moi, qu’à ce que je désire moi. Et de répondre à ce pourquoi.

Quand on s’est longtemps tourné vers les autres, c’est affreux. Parce qu’en vrai, je ne sais pas. Et cette période me pousse à tomber un masque, parce que clairement masque il y a, avec la peur que celle qui soit derrière ne plaise plus à ceux qui m’entourent, les déstabilise également, pire qu’ils ne m’aiment plus. Bien sûr cette peur est irrationnelle, parce que quand on aime, on est au cœur, et c’est au-delà de l’apparence de ce masque là.

Cette période est nécessaire car je tourne en rond, dans mon bocal. Je reviens inlassablement à un point de départ que je pensais avoir définitivement quitté avec les épreuves qu’il m’a fallu traversé. Mais non. La seule différence, c’est mon expérience. Qui me permettra de passer avec un peu moins de dégâts peut-être les épreuves suivantes qui vont se présenter, si j’ai intégré la leçon, bien sûr.

Je comprends que je me tourne assez vite vers ce qui me rassure, me structure, alors que je ne suis pas déstructurée.
Je comprends pourtant le cadre rigide ne me convient pas, si je suis névrosée (comme la majorité d’entre nous, désolée si tu l’apprends, c’est cadeau, mais t’inquiète on va survivre) ce n’est pas sur un versant obsessionnel (même si ce serait plus simple à gérer).
Je m’enferme seule ou accepte de me laisser enfermée et ça devient, à la longue, juste insupportable à tolérer.

La formation en yoga et ma plongée dans ce monde là m’a permis de mettre en lumière mon besoin de sortir de ce cadre, de ce moule, sociétal, culturel, familial auquel j’ai essayé de me conformer mais qui m’a vite étouffé.

Aujourd’hui, mon défi est d’ajuster ces contours sans avoir besoin de tout faire exploser. Je comprends les passages à l’acte, les « aller tous vous faire foutre, je me barre sur les îles Kerguelen parce qu’il fait moins 30 et qu’il n’y a que deux cargos par an, donc personne ne viendra me chercher ». Vraiment. Bien sûr que cela m’a tenté. Ils sont des recours. Des appels à la survie. Nécessité de page blanche et table rase de sa vie.

Mais je voudrais en ce qui me concerne ne pas recourir à cette option. Car c’est épuisant de tout reconstruire à chaque fois. Parce que j’aime trop profondément ceux qui m’entourent, trop pleinement, trop consciemment pour tout remettre en doute.

En revanche, depuis mon tapis, ma valeur phare est apparue et je t’invite à te poser la question si par moment les choses te semblent floues : « quelle est la valeur que tu veux mettre au centre de ta vie ? »
Tu as le droit de te tromper et cette valeur peut changer. Rien n’est figé.

Pour ne pas rester trop égocentrée, et trouver la position de l’observation, j’ai accompagné la question de la phrase « regarde toi dans la nature ».

Parenthèse : ceci n’est pas une recette de cuisine tout droit sortie d’un magazine te vantant un bonheur idéal et des phrases sur le développement personnel, je le répète, c’est juste ce qu’il y a dans ma tête, en l’occurrence, ce qu’il y a eu dans ma tête pendant ma séance de côtes ce matin, en montant et descendant le nombre de fois nécessaire pour y voir clair (la séance fût donc longue et j’ai craché ma colère et mes poumons, mais tu dois en avoir marre de mes digressions).

Je me suis vue en petite fourmi.
Je me suis vue sur la surface de la Terre.
Je me suis vue, libre et heureuse dehors à courir, mais trop affairée dans sa tête à ne même pas sentir la pluie.
Je me suis dit que j’aurais préféré être une cigale, celle qui s’amuse en cour de récré.
Puis j’ai réalisé qu’en fait, depuis l’aube et mon lever, tout ce que j’avais fait ce jour là, courir comme ça dehors, avec mon chien sans le préméditer, jardiner, planter mes salades dans mon potager, comme les jours où je pars en montagne pour crapahuter, à l’océan pour y plonger, je vais aider à la vigne, où je vais courir, nager, lire, écrire, boire des cafés, c’était en réalité déjà mener une vie de cigale pour notre société.

Car orientée sur le plaisir. Mon plaisir.

Quitter les bouchons du périph’ c’était donc commencer à me libérer, à renoncer à la vie de petite fourmi.

Et c’est un bon début, d’accepter de me tourner, enfin, vers mon plaisir.

C’est terminé pour aujourd’hui, merci de m’avoir lu, vous êtes chouettes, en plus c’était gratuit.

Les transitions

J’aime ces périodes de cheminement lent, d’entre-deux, de contre-temps, de ni noir ni blanc.
J’aime cette idée de la latence active, de temps d’arrêt en mouvement lent.

On a souvent l’attrait pour le point de départ (regardons d’où il vient, d’où il arrive, d’où il est parti) et celui d’arrivée (visualisons le sommet, la victoire, la finalité).
Ce qui m’intéresse en ce moment c’est l’espace entre les deux.
Surement en lien avec ma phase actuelle, où je n’arrive pas à regarder derrière, par peur de reculer, où je n’ose regarder l’horizon, par peur de trop rêvasser. Où des murs tombent par quête d’authenticité, des portes s’ouvrent sur le coeur avec partage nécessaire de ma perception de la réalité.

J’aime ces transitions, ce mouvement en pleine concentration.
L’équilibre incertain, entre peur, chute et racine ancrée.

C’est assez nouveau, disons de l’intégrer.
De ne pas être focus sur l’objectif mais simplement sur l’instant.
De quitter l’agitation de surface pour la profondeur de mes enveloppes.
Le lenteur gagne ma pratique.
Du corps à l’esprit, de la substance à l’essence.
De l’effort à l’art, de l’envie de maîtrise à l’observation.
Que je termine en danseur ou pas n’a aucune importance, le yoga n’est pas une finalité photographique.

Aurélie