
Je n’aurais pas cru ressentir ça un jour, je l’avais lu chez d’autres, trouvé ça un peu bateau, un peu cliché, un peu lissé.
Mais force est de constater à quel point cette maternité, surtout ce dernier trimestre me reconnecte à ma part féminine, faisant de moi un être complet, ne luttant plus de manière déraisonnée et acharnée pour faire vivre et flamber la partie masculine en moi, si forte et dévastatrice parfois.
Des années d’aménorrhée, de TCA qu’on se le dise franchement, de déséquilibre, de tentatives de renaissance après le cancer, de sensations d’échec, d’effondrement malgré la façade colorée, d’épuisement de mon énergie de vie comme le sport/le stress/la société/les autres&le petit démon sur l’épaule peuvent malheureusement et paradoxalement si bien le susciter dans nos corps si on ne les écoute pas.
Et puis le calme forcé, l’ouverture douce d’espace, du coeur, du bassin, de l’intérieur.
Et la surprise, la belle surprise, la vie qui se crée.
Je sors tout juste d’une formation yin justement, pas de hasard, le sais tu ?
Formation prenant des allures de retraite et de déconnexion-connexion profonde grâce à la magique Océane et aux êtres de lumière rencontrés, et les choses me semblent si limpides, si claires que j’écris pour me souvenir avant que certaines choses ne me polluent l’esprit.
Ce sentiment d’être simplement au bon endroit.
De comprendre que dans la vie, il s’agit davantage de se laisser traverser plutôt que de choisir une direction.
De laisser le mental à l’abandon et de connecter aux sensations.
Du sentiment d’être pleinement nourrie enfin, aussi.
J’ai senti mon ventre devenir une matrice, une Terre ou Mer accueillante et nourricière, senti un petit être s’aimanter littéralement contre sa paroi pour se connecter aux vibrations, aux voix, aux mains, des énergies de ces autres humains devenus elfe et fées mais surtout membres d’un village où il ferait bon vivre et s’épanouir.
Je disais que je ne voudrais pas d’enfant par souci écologique et résistance contre une structure, un schéma de société tracé contre lequel mon âme adolescente voulait lutter, mais depuis le début de ma grossesse ceux qui l’ont déjà choyé, entouré, touché, m’ont redonné confiance en notre humanité.
Ce petit bout sera probablement magicien ou marabout avec tout ce qu’il a eu la chance de partager, d’entendre, de ressentir à travers cette cloison si fine, qu’elle semblait n’être que voile invisible.
Ces bébés cadeaux sont des sages bien avant de venir dans notre monde pousser leur premier cri.
Je vous avais dit que ce serait cliché.
Les plus sceptiques diront que le bain d’ocytocine dans lequel je baigne ne doit pas m’aider.
Ils auront peut être raison.
Je ne dis pas que ce soit simple de (re)nouer avec cette essence féminine, je dis simplement que cela m’a libéré.
Que je me suis laissé allée à la magie, à cette image de madone, de publicité pour la grossesse, que je semblais incarner m’a-t’on dit, je me suis laissé bercer par la chance que j’avais.
Et j’ai compris que tout n’était qu’aventure plus qu’expérience ou apprentissage et qu’on était à la bonne place quand on s’abandonnait aux vagues de la vie pour les accueillir et pour se laisser porter, sans y réfléchir.