Comme tous les enfants, qu’ils soient petits ou plus grands, j’ai besoin de routines. Matinales ou du soir, elles font de moi quelqu’un d’un tantinet psychorigide sur le sujet peut-être mais il est des périodes où prendre un raccourci, sauter une étape ou une ligne peut faire basculer ma journée, y mettre un filtre moins nuancé, réduire la palette colorimétrique ou me rendre colérique.
Elles me structurent et stimulent ma créativité. Elles m’apaisent et me sécurisent.
Quelles qu’elles soient, je les aime.
Surtout celles des premières heures.
Ce qui est drôle c’est qu’en construisant ma cabane d’adulte, avec des murs en bois qui résistent au Grand Méchant Loup, je me faisais la réflexion que plus les murs se montaient, plus le contour se dessinait, plus l’intérieur se délimitait, mieux je visualisais le champ des possibles, l’espace à ma disposition et plus je me sentais libre. De décorer, d’aménager, de m’épanouir. Notion qui m’évoquait fortement la contenance que je mets en oeuvre dans mon domaine d’exercice professionnel, et aussi le rôle du cadre et des routines. Je disais drôle au début du paragraphe car cette impression, je n’étais pas la seule à l’avoir eu (ou peut-être est-elle entrée dans mon esprit de manière implicite au point de me faire croire que l’idée émergeait de moi ? c’est possible, car je crois que tout nous façonne et finalement peu de choses sortent à 100% de notre imagination).
En fouillant un peu dans les internet, je suis tombée sur le travail d’un psychiatre nord-américain Mr Rudolf Dreikus, qui dit notamment :
« Les routines quotidiennes sont pour les enfants ce que les murs sont à une maison, elles leur donnent des frontières et la dimension de la vie. Aucun enfant n’est à l’aise face à une situation qu’il ne connait pas. La routine lui donne une sensation de sécurité. Les habitudes bien établies leur donnent un sentiment d’ordre, duquel naît la liberté. »
Etant donc tous susceptibles d’être pris de régression, de mutation vers Peter Pan ou de moment d’immaturité émotionnelle, que ce soit dans le rapport à l’Autre, à la nourriture, à une vague d’angoisse ou quelque autre altération de l’humeur, nous sommes tous un peu concernés. Et la routine peut avoir valeur de refuge, de réassurance personnelle, de valorisation aussi, avec le petit sentiment de maîtrise sur le quotidien qu’elle apporte. Un boost de confiance en soi ne fait jamais de mal (en général).
Attention qu’on ne se trompe pas cependant, une routine chez moi peut changer tous les 15 jours, on ne se refait pas. Girouette un jour, girouette toujours !
Pour revenir à l’analogie, comme la place des meubles de la maison, la couleur des murs ou les plantations du jardin tout autour, la routine n’est pas immuable, malgré ses constances, elle s’adapte au contexte.
Il y a celles des vacances. Du réveil avant les autres, de la joie de préparer la table pour tout le monde avec la baguette de pain encore chaude tout juste sortie du four du boulanger.
Il y a celles des lendemains de soirées. Avec l’indispensable mise en route au café serré, les brioches aux pépites de chocolat, et le débrief’ du qui se rappelle où j’étais à 02h du mat’ et du qui a fini avec qui (comment ça dans son lit ?) ou comment (« tout ça ne nous… »)…
Il y a celles des soirs d’été. Avec le décapsuleur, le soleil en couleur crépuscule et les olives.
Il y a celles des retours à la maison des parents. Avec les souvenirs qui surgissent, les mêmes gestes d’avant, la brosse à dent posée là où elle était déjà il y a 20 ans, le craquement en descendant l’escalier, ouvrir les volets, préparer les bols de lait, le thé ou le café. Et les câlins au fur et à mesure des réveils de chacun.
Il y celles des grands-parents. Avec le journal de la région, les petits soldats, les bols qui cette fois nous attendent déjà (et depuis l’aube je crois).
Pendant mon arrêt maladie et après les traitements, au quotidien, chez moi, ça ressemblait un peu à ça : lever très tôt-eau froide sur les pommettes-huile pour se masser un peu-eau chaude au citron-saluer mon ami le soleil et plus si affinités-prendre un miam-o-fruits au petit déjeuner-écrire-balader mon chien-finir de me préparer-et enfin démarrer la journée.
Oui, en gros c’était ça tous les jours à quelques variables près. Selon la fatigue, ma journée pouvait même s’arrêter là et c’était très bien comme ça. J’avais accompli quelque chose, aussi anodin que ce soit. Ma routine me servait à ça.
Désormais, le travail ayant repris, il a fallu tâtonner, la trouver, la retrouver, la modifier un peu, la changer selon les horaires infirmières, mais en se stabilisant, elle conserve son côté doudou rassurant.
Oui, cet article est une ode aux routines. Et à la paradoxale si rassurante liberté qu’elles entraînent avec elles. Puisqu’en suite, dans le cadre fermé bichonné, la chrysalide s’ouvre et tout est possible.
Et vous ? Quelles sont vos petites routines, vos plaisirs du matin ? Dites moi, partagez nous, je suis curieuse de tout ❤
Je vous embrasse,
Aurélie.