Intuition.

Je savais, avant l’annonce du diagnostic, que ça allait être lui.

Je savais, avant même que ce ne soit écrit, que ça allait être toi.

On avait familiarisé déjà tous les deux, au détour de forums d’associations comme La Ligue ou à travers mes vieux cours, rangés, si bien cartonnés, que j’aurais cru ne jamais les relire. Plus je lisais, mieux je savais, sournois, que l’ombre qui se dessinait prenait ta forme. Mieux je percevais tes contours, moins j’avais peur, tu étais un adversaire à ma taille et l’armada médicale bien préparée à t’accueillir.

Ensuite, il y a eu différentes étapes (ceux qui ont côtoyé Elisabeth Kübler-Ross sauront de quoi je parle et pourraient, tels des détectives, identifier mes étapes de l’acceptation). D’abord, du déni, oh que oui, beaucoup de déni ! L’annonce à la famille comme étant un « petit cancerounet » (ce qu’il est objectivement à l’échelle de tous les cancers) avec une « petite chimio ». Mon manque de compréhension face au désarroi de mes proches, « mais enfin c’est pas grave, pleurez pas, c’est qu’un petit cancerounet ! ». J’ai cru aussi pouvoir continuer mon travail à temps complet, dans un milieu hospitalier donc hostile à mes pauvres globules blancs restants, en rythme décalé malgré la fatigue, mignonne que je suis… J’ai essayé de négocier avec moi-même, de modifier mon planning pour que les dates s’accordent bien. Et puis la gifle, LE coup de fatigue (non Aurélie, on ne peut pas enchainer une nuit de travail, une pose de PAC et retourner travailler le soir même, veille de sa première chimio, non, non, non…) qui a donné une tournure plus difficile à la douleur et ouvert les vannes, enfin. Chiale un bon coup ma grande, ça ira mieux après et remonte en selle !

Dans mon cheminement, je n’ai pas été fataliste, j’ai essayé de fuir les raccourcis, aussi vite que possible, de ne pas trop me demander « pourquoi moi » ou de me dire que c’était injuste, que je ne méritais pas ça, que merde, j’avais une hygiène de vie anti-cancer, que je ne fumais pas, que je courrais tout le temps, qu’en plus j’étais végétarienne parce que je ne voulais pas tuer pour vivre, et que je donnais de mon temps aux autres, j’en avais même fait mon métier, décidément la vie ne me rendait pas mon dévouement envers elle.

Comme de petits flashs, ces quelques pensées auraient pu devenir des ruminations. Or, elles nous desservent.

J’ai préféré y voir un apprentissage, comme chaque difficulté rencontrée, une nouvelle manière de devenir un peu plus le « meilleur de moi-même », de gagner, par exemple, en tolérance et en compréhension ou de prendre un peu plus soin de cette belle enveloppe qu’est le corps, formidable monticule de cellules, fourmilière besogneuse que je malmène parfois.

Mon arrêt maladie me permet de prendre du recul sur ma vie, mes projets, mes désirs. D’être.

Si vous êtes bourrins comme moi (bélier ascendant bélier, admirez le tableau), sachez vous arrêter, vous poser pour mieux faire le point. C’est dur mais c’est possible et ça vaut le coup, quelque soit la taille de l’épine dans votre pied.

Belle journée à vous, prenez soin de vous (bis).

Namasté.

Source : pinterest

8 réflexions sur « Intuition. »

  1. C’est ça ma belle Lily ! Chaque chose en son temps : traiter, encaisser, gérer et surtout profiter des moments de répit ! Tout va bien se passer tu es forte et pleine de combativité ! On va pas se laisser emm….. par cette maladie ! Bizzz de JP et cathy

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  2. Bonjour Toi 🙂 !

    On se ne connais pas, je suis allée te lire grâce à un ami commun (Monsieur Chamois) .

    Je n’ai pas tellement de mots à part ce grand MERCI! Merci d’éclairer nos lanternes à travers ces lignes pleines d’optimisme, de rage de vivre, de personnalité rayonnante.

    On a tellement tendance a broyer du noir et à penser que l’on est pas capable…et toi en plus de nous confier ce moment et cette partie intime de ta vie (qui n’est pas une sinécure), tu arrives a nous toucher et nous donner le méga smile.

    Continue a te battre et à rester cette magnifique personne !

    Je salue ton courage ! GO GO GO !

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  3. Pour moi la pose du port a cath a été un moment douloureux psychologiquement, cela m’a fait réaliser l’ampleur du problème de santé que j’ai.
    J’ai pleuré avant, pendant et après la pose, je n’arrivait pas a me calmer.

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    1. C’était surement l’occasion pour ton corps de lâcher, ça fait de bien de pleurer, je ne peux que comprendre ce que tu as ressenti.
      Je compte d’ailleurs écrire un article prochainement dessus 😉
      Courage à toi, je t’embrasse bien chaleureusement ❤

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