Le droit d’être triste

Tellement bercée par mes élans de positivités, j’ai lutté pour garder le masque du sourire tout au long de mes mois de maladie, traitements et temps suivants. Jusqu’à maintenant. Paradoxal, n’est ce pas ? Difficile de comprendre, maintenant que tout va mieux, que tout doit filer droit et que l’heure soit à la reprise de la vie d’avant, que je flanche. Que je chiale, que je me sente seule, alors qu’objectivement ce n’est pas le cas, que mon humeur fasse des loopings, que je m’enterre dans la fatigue, que je me sente mal dans mon corps, je ne trouve ma place nulle part, que je cherche du sens dans tout, que je suis insatisfaite, que je me sente loin de mes utopies, ce qui est con, je le sais, parce que ma vie est chouette, les projets actuels sont chouettes mais cet état nuageux reste.

Je suis infirmière en psy, je le rappelle. Donc quand je prends du recul sur moi-même, bien sûr que j’entrevois quelques traits que je reconnais bien. Et que je me refuse de nommer.

La voie de l’acceptation.

Quel long chemin, quel long chemin, putain.

Du coup, je m’interroge sur ce que je n’arrive pas à accepter.

Ce corps sur lequel je ne peux plus compter ?
Qui me désespère avec ces cicatrices, cheveux trop courts, cernes, teint vite blafard, tendinites à répétition, refus d’écarts plaisir ou alcoolisations ?
Cette vie si imprévisible qui m’a déstabilisé ?
Cet état d’urgence de rêves à réaliser, maintenant que je me suis prise en pleine face la possibilité en une fraction de seconde de tout voir basculer ?
D’avoir eu peur ?
De ne pas être une Toute Puissante ?

Je sais que ce n’est pas réjouissant de lire tout ça, vous n’êtes d’ailleurs pas obligés d’aller au bout, que c’est assez loin de l’image que je dégage et m’efforce de montrer. Mais je me dis que ça peut servir à d’autres en fait, que ce soit rassurant de savoir qu’on est pas seuls dans cette situation. Un peu déprimée après coup, déboussolée aussi.

La vie après le cancer. Gros challenge qui se profile.

Si vous avez des idées, je prends. Si vous êtes concernés, je prends aussi. Et vous envois tout mon amour.

Aurélie.

4 réflexions sur « Le droit d’être triste »

  1. Coucou, malheureusement, pas d’idée, mais un énorme câlin virtuel. La dépression n’est pas une maladie honteuse, tu es une battante, et même les battants ont le droit de pleurer. Surtout, entoure toi bien.
    Prends bien soin de toi

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